Ce lundi 16 mars, en situation pandémique Covid 19, le gouvernement français maintient la plupart des activités de travail, dont les activités industrielles. Les entreprises sont donc confrontées à faire le choix de l’arrêt, de la limitation ou du maintien de l’activité.

Le cas d’une PME à feu continu confrontée au Covid 19

Il s’agit ici du cas d’une PME industrielle de 150 personnes environ. Dès de début de l’épidémie Covid 19, l’entreprise avait mis en place les mesures génériques de prudence, principalement le maintien à domicile des cas suspectés infectés ou en ayant été en contact avec des personnes infectées, les recommandations des gestes-barrières, le télétravail…

A la lecture des décrets du 16 mars 2020, elle fait le choix du maintien de son activité du fait d’un processus de feu continu. L’arrêt de ce processus est complexe, il impliquerait l’émergence d’autres risques tels les risques chimiques pour les travailleurs, les populations limitrophes et l’environnement.

A la diffusion de cette décision de maintien d’activité auprès du personnel, le 17 mars au matin, de nombreuses expressions de craintes, de peurs, d’angoisses -parfois violentes- émanent des salariés. Paradoxalement, on observe le même jour des comportements inadaptés : points de regroupements très rapprochés, peu/pas de lavage des mains…

Maintenir l’activité, quelles mesures de prévention à mettre en oeuvre ?

Il est décidé sur-le-champ de réaliser un premier atelier collectif de travail avec un îlot de production de 7 opérateurs et de leur manageur de proximité. Dans le quotidien du travail, quelles sont les mesures de protection que nous pourrions mettre en oeuvre ?

L’atelier débute par un échange liminaire sur les connaissances des opérateurs des mécanismes de transmission du Covid 19 : modes de transmission, distance protectrice, diffusion du virus dans la population… Une mise à niveau nécessaire au regard de certaines idées reçues. Les opérateurs sont ensuite amenés à proposer des mesures-barrières au cours de l’activité de travail (montage de composants métalliques et textiles). Ils repèrent tout d’abord les « transmetteurs potentiels » du virus:

  • les éléments collectifs : toilettes, machine à café, poignées de portes, tables de réfectoire, boutons d’appareils (micro-onde, distributeur) …
  • les éléments matériels d’atelier : outils à main, chariots mobiles, produit monté, clavier de saisie, téléphone, scanner…
  • les éléments immatériels : tenue de réunion, discussion et transmission d’information au poste de travail, situations d’entraide…

Dans un second temps, ils proposent des mesures-barrières spécifiques à chacun de ces éléments. Quelques exemples illustrent leurs propositions variées :

  • il est préféré une distribution des vis dans des gobelets individuels plutôt qu’une saisie manuelle dans la caissette collective, exposée aux mains souillées et aux postillons,
  • l’utilisation du seul appareil à scanner pour l’équipe sera fait par un seul opérateur, évitant ainsi des multiples passages de mains,
  • le volume sonore de l’atelier est réduit (coupure des musiques par exemple) afin de se parler à au moins 2 mètres tout en baissant la puissance thoracique,
  • le lavage des main est systématisé toutes les heures, avec blocage des portes ouvertes et mise à disposition suffisante de produits.

Systématisation de la démarche et soutien de la direction

Le résultat obtenu pour cette zone de travail est présenté à la direction. Le bilan indique plusieurs effets très positifs : une meilleure conscience du risque de diffusion Covid 19 par les salariés, l’identification des transmetteurs potentiels au poste de travail, le repérage des actions collectives à engager, une appropriation et responsabilisation pour les mesures individuelles de protection.

Cet exercice de prévention, bien que de courte durée, a probablement eu pour autre effet de reconstruire de la confiance entre les salariés et l’employeur. Face à un ennemi invisible, mais sans pouvoir le démontrer, nous espérons que cet effort aura contribué à la prévention de la diffusion du virus Covid 19.